Un moyen simple de se faire manipuler : le déni

Le déni est essentiel à tout bonne forme de manipulation mentale, surtout si elle doit être pérenne.

Et les manipulateurs le savent bien. Leur talent repose sur la capacité à détecter et à exploiter cette situation.



Le déni est un mécanisme de défense qui survient quand la réalité est perçue comme imposant à une personne une situation mentalement intolérable. Le rejet est un autre mécanisme qui permet d’évincer la réalité.

Vous avez des idées fermes et définitives sur ce qui est bien ou mal, sur ce qui vrai ou faux, sur ce qui est juste ou non, sur ce qui se fait et ne se fait pas ? Vous êtes prêt...

Commençons par définir les termes :

Le déni est donc l'attitude de refus de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par l'individu. En psychanalyse (Verleugnung) c'est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d'une perception ressentie comme menaçante et/ou traumatisante (wikipédia).

Une manipulation mentale ou manipulation psychologique est — en psychologie — une méthode délibérément mise en œuvre dans le but de contrôler ou influencer la pensée, les choix, les actions d'une personne, via un rapport de pouvoir ou d'influence. Les méthodes utilisées faussent ou orientent la perception de la réalité de l'interlocuteur en usant notamment d'un rapport de séduction, de suggestion, de persuasion, de soumission non volontaire ou consentie (wikipédia).

Alors, nous sommes tous manipulateurs. Toute relation, toute séduction par exemple, repose sur une présentation biaisée de notre réalité. La manipulation dont il est question ici repose que la volonté de placer l'autre dans son pouvoir pour son seul profit et au détriment de l'autre.

Manipuler en se contentant du déclencheur :

Il existe naturellement plein de façons de manipuler les gens.

On imagine souvent la manipulation comme la faculté de changer les pensées de quelqu'un à son insu ou sans qu'il puisse y résister. C'est très exagéré.

Il est bien plus simple de pousser une personne à faire ce qu'elle a déjà envie de faire et ses croyances fortes sont le moyens le plus sûr de la voir rejeter la réalité.

La croyance ici n'a rien de religieux. Il s'agit d'une pensée automatique acquise souvent pendant l'enfance et qui a été efficace pour vous protéger. Mais est-elle toujours adaptée à la situation ?

Elle est vécue comme constitutive de notre personnalité, intangible, indiscutable. C'est la croyance de la croyance, en quelque sorte. 

Une croyance est donc un raccourci automatique qui nous fait penser :

Si A, alors B.

Par exemple, si vous avez vécu ou vu que le mouvement ne sauve pas du danger, vous en avez pu en conclure que : si danger, alors ne pas bouger.

Par la suite, dans toutes les situations dans lesquelles vous sentez un danger, vous allez croire que vous réfléchissez mais, en pratique, vous conclurez le plus souvent que ne rien faire, ne pas bouger, est la meilleure option : Ne pas quitter ce poste, ne pas quitter votre conjoint, ne pas déménager.

La faille :

C'est ici que le déni s'installe, même inconsciemment. Il vient généralement couvrir, protéger une faille, une blessure. Sa mission ? S'assurer que plus jamais cette blessure ne soit ravivée.

Chaque faille ignorée est comme une porte laissée ouverte.

Pour le manipulateur, une fois identifiée votre croyance, si A -> B, il lui suffit d'actionner A pour que vous fassiez B.

Dans mon exemple, si vous avez plus peur de partir que de rester, le manipulateur sera très libre d'agir comme il le veut puis d'actionner l'image des dangers et des risques d'un départ pour que vous restiez.

Non seulement vous ne partirez pas mais, pour rester cohérent, vous inventerez toutes les raisons possibles pour défendre votre choix comme étant le bon : la marché du travail est mauvais, je suis trop âgé pour séduire à nouveau, un 'tiens' vaut mieux de que deux 'tu l'auras'. Cela entraînera aussi peu-à-peu le rejet de toutes les personnes qui vous tiennent un discours contraire.

Non seulement vous êtes manipulé mais c'est vous qui allez défendre, justifier et pérenniser la situation. Le manipulateur se contentant d'appuyer sur votre faille à son profit.

Ainsi, nos croyances sont la porte ouverte à la manipulation. Plus elles sont fortes et ancrées, plus c'est facile. Cela peut même devenir notre attente… 

Or, rien n'est univoque et nos croyances sont en fait fragiles.

Le chaos est source de vie, de créativité, d'énergie, de changement, de joies autant qu'il est source de désordre, de violence, d'insécurité, de peurs.

Le cosmos est source d'ordre, de paix, de sécurité comme il est source de tristesses, d'ennui, d'immobilisme ou de frustrations.

Dans l'exemple sur le danger et l'immobilisme, il existe des situations dans lesquelles, en effet, le pas bouger est la réponse adaptée, mais il existe tout autant de situations dans lesquelles c'est le mouvement qui protège.

Alors, que faire ?

Guérir

Adulte, nous pouvons faire le travail de reconnaître et accepter nos blessures. 

Faire la part des choses

Nos croyances doivent rester au niveau d'automatismes pratiques et être revus quand ils se révèlent inadaptés.

Échanger

Veiller à avoir dans son entourage des personnes bienveillantes et qui pensent différemment de soi.

Penser

L'adulte que nous sommes devenus est certainement capable de penser la dualité, la complexité des choses.

Agir

La réalité est le chemin de l'efficacité.


“Nous sommes éduqués à croire, et non à savoir.
La croyance peut être manipulée. Seul le savoir est dangereux.”

Frank Herbert / Le messie de Dune


Thierry Cammarata

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