Les émotions en entreprises

Ce mois-ci, un billet court sur ma frustration de voir de nombreux articles à ce sujet où il me manque toujours quelque chose.

Je suis loin d'avoir pu faire le tour de la question mais je vous propose une vision personnelle des émotions et du cadre que j'utilise pour les approcher en coaching ou en formation pour les entreprises.

Aucune émotion n'est bonne ou mauvaise en soi, positive ou négative. Elles sont plus ou moins confortables selon le contexte. Est-il plus confortable de se sentir heureux dans un enterrement ou triste dans un mariage, en colère devant une comédie sentimentale ou en panique devant un un ours en peluche ?

Une émotion est le fruit d'une situation perçue et d'une pensée ou d'une croyance. 

Cette émotion va déclencher un comportement, une expression qui sera perçu par l'environnement, les personnes autour et va avoir des conséquences qui pourront être jugées positives ou négatives.

Ainsi, et contrairement à une idée largement répandue, être mûr sur le plan émotionnel favorise le raisonnement, la prise de décision et l'action sur le plan professionnel. Toutefois, si un manager, ou un dirigeant, habitué à nier ses émotions peut penser, décider et agir, il lui manque un pan entier du monde qui l'entoure. Travailler sur ses émotions va le conduire à accepter l'idée que tout sera moins facile pour lui le temps d'acquérir et maîtriser ses émotions et les techniques de communication associées.

On dénombre généralement quatre émotions principales.

Les 4 émotions principales


Sont considérées comme étant les quatre émotions principales : 

La colère,
La tristesse,
La peur,
La joie.

Elles se déclinent en un nombre infini de nuances, respectivement, de l'irritation à la rage, de la déception au désespoir, de la préoccupation à la panique ou du contentement à l'allégresse.

A ces 4 émotions, sont parfois associées la surprise et le dégoût que je traiterai pas ici.

Chaque émotion a une fonction, génère un besoin, entre dans une temporalité et a un mode d'expression. 

Soit, pour chacune :

LA COLÈRE

*Déclenchée par une intrusion, sa fonction est d'être gardienne du respect de ses propres valeurs, de ce qui est important pour nous. Elle permet la mobilisation de son énergie vitale. En revanche, elle provoque la coupure de systèmes non essentiel pour le combat. Elle donne la force de s’affirmer, de dire « non ».

*Son besoin est l’expression dans l’instant, de mettre fin à l'intrusion, de se sentir entendu, compris.

*Sa temporalité est le présent, une situation ici et maintenant.

*Son expression est de passer par la voix, les cris, la décharge d’énergie, toutefois l'agressivité ne doit pas être son seul canal possible.

LA TRISTESSE

*Face à une perte, elle favorise l'émergence d'un nouvelle étape de sa vie. Elle sert à nous faire accepter ce qui ne peut être changé et à nous rendre disponible pour un renouveau.

*Son besoin est d’être accueilli, écouté, consolé.

*Sa temporalité est le passé, la perte a déjà eu lieu.

*Son expression est de pleurer, peut-être bruyamment, de dire son mal, être pris dans les bras.

LA PEUR

*Face à un danger perçu, sa fonction est liée à la fuite, à l’évitement de cette menace. Elle sert à nous signaler les dangers, un danger objectif dont il faut se protéger, une nouveauté, une incertitude à laquelle nous sommes insuffisamment préparés.

*Son besoin est de se rassurer, se protéger, se renseigner, s'informer.

*Sa temporalité est le futur, proche ou lointain.

*Son expression est de trembler, de ne pas vouloir rester seul, de demander de l’aide, de pouvoir en parler.

LA JOIE

*Sa fonction est de partager avec les autres notre satisfaction. Elle est un moteur à l’envie de vivre et de nous développer.

*Son besoin est le partage, l'expression de soi.

*Elle n'a pas de temporalité propre. Elle peut concerner aussi bien le passé, le présent que le futur.

*Son expression est de crier, rire, gesticuler, embrasser, voire pleurer parfois aussi.


Ces quatre émotions sont amenées à s'associer pour étendre encore le nuancier.

Alors certes, ces connaissances sont intéressantes mais comment savoir où on en est quant à nos émotions, quel est notre degré de maturité à ce sujet.

La maturité émotionnelle


La maturité émotionnelle se mesure généralement sur une échelle de 1 à 7. J'aimerais évoquer la possibilité de niveaux 8 et 9.

Degré 1 : déni de l’émotion et du déclencheur
Pour cette personne, les émotions sont considérées comme inexistantes aussi bien pour soi que pour les autres. 

Degré 2 : rétention de l’expression de l’émotion (ou timbre)
La personne ressent une émotion mais n'en laisse rien paraître. Elle ne peut donc satisfaire son besoin par manque d'expression. Les émotions sont retenues avec un risque d'accumulation et d'explosion.

Degré 3 : expression d’une émotion de substitution (ou racket émotionnel)
Une émotion dont l'expression est interdite est remplacée par une autre, plus acceptable. La colère souvent pour les petites filles, la tristesse pour les petits garçons. Il peut aussi s'agir de l’incompréhension de l'émotion de l'autre.

Il y a quelques mois, au restaurant, j'ai pu observer au loin un couple dont la dame manifestait, par ses gestes et son attitude, de la colère. L'homme, assis à côté d'elle, a désespérément essayé de la prendre par les épaules pendant 10 minutes. Voyant de la tristesse dans son comportement, et non sa colère, il cherchait à la consoler, en vain évidemment...

Degré 4 : expression inappropriée de l’émotion authentique (ou élastique)
La personne ressent la bonne émotion mais son expression est inappropriée en intensité au regard de la situation actuelle, trop forte ou au contraire trop faible. Mais cette situation renvoie a une autre similaire dans le passé qui n'a pu être traitée correctement.

A partir du niveau 5, on peut considérer une personne mature sur le plan émotionnel. Sa progression va obéir à une maîtrise des techniques de communication, telles que la Communication Non Violente par exemple. 

Degré 5 : expression de l’émotion sans formulation du besoin ou d'une demande.

Degré 6 : expression de l’émotion et du besoin mais pas d'une demande.

Degré 7 : expression de l’émotion, du besoin et formulation de la demande.

La plupart des modèles s'arrêtent donc à ce stade, et c'est dommage. Paul Devaux imagine encore deux autres niveaux, parfaitement optionnels, tels que : 

Degré 8expression de l’émotion, du besoin et formulation de la demande en vue d'une co-construction de la solution.

Degré 9 : Idem degré 8 mais avec un détachement quant à l'avènement d'une solution.

Vous avez les premiers outils pour commencer à connaître vos émotions et à les gérer.



Reste à les vivre.


“L'émotion est le moteur du changement, et la joie son essence.”
Olivier Lockert



Thierry Cammarata

arbitrium14
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Mail : thierry@arbitrium14.fr

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Image par Gino Crescoli de Pixabay 

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