Et si une crise n'était qu'un rattrapage ?

On présente souvent une crise comme étant une rupture dans la continuum du temps et des activités. Un peu comme une ligne qui se casse.

Mon expérience avec les personnes en période de changement, et parfois de crise, me conduit à penser qu'il s'agit plutôt d'un rattrapage. Nos pensées, nos croyances, en un instant, rattrape ce que nos émotions, nos aspirations savent déjà et parfois depuis longtemps.

Analyse.


Cette intuition m'est venue il y a quelques années lors qu'une séance de coaching.

La personne évoquait alors le fait d'être à un carrefour de sa vie, d'avoir une grande décision devant elle. Elle se disait perdue mais, peu-à-peu, au cours des échanges, se révèle le fait que beaucoup des éléments de sa décision étaient déjà présents.

Et, au détour d'une phrase, elle me dit :

Je crois qu'en fait ma décision est déjà prise et qu'il ne me reste qu'à l'accepter.

Et elle a continué à décrire l'image de ce carrefour situé maintenant derrière elle, cette fois-ci, et comment son corps et ses émotions avaient déjà intégrés ce choix que son cerveau s'évertuait à voir comme devant encore être fait.

Cet épisode m'a beaucoup marqué et je m'en souviens très bien. Sur le moment j'ai bien pensé tenir quelque chose d'important sans savoir précisément quoi.

Pour une personne ou une organisation, la tendance naturelle est de trouver une forme d'équilibre fonctionnel. Cette stabilité est essentielle à la lisibilité et la tranquillité d'esprit.

Toutefois, l'environnement, au sens large, de cette personne, ou cette organisation, ne cesse de bouger, changer, parfois lentement, parfois rapidement.

La stabilité recherchée est confrontée à ce mouvement de l'environnement et ceci crée un écart qui, s'il ne peut jamais être nul, peut devenir très grand. Si grand que les stratégies individuelles ou collectives deviennent inopérantes dans un environnement qui a trop changé.

Un jour, un événement, une situation, va révéler cet écart et le rendre intenable : la crise.

Cet événement sera peut-être fort, il sera peut-être aussi comme cette goutte qui fait déborder le vase, petite, légère, semblable à toutes celles qui l'on précédée mais qui tout-à-coup est de trop.

Et la sortie de la crise sera de recoller, si cela est encore possible, aux attentes de l'environnement ; cet environnement que, par hypothèse, on ne regarde plus vraiment depuis des mois ou des années. Il faut alors tout réapprendre sans en avoir forcément le temps ou les moyens.

Au final, pour prendre une image, le lien entre soi (personne ou organisation) et son environnement est à l'image d'un élastique. L'immobilisme est un point de colle qui le retient. L'évolution de l'environnement vient tirer sur l'autre bout de l'élastique. La tension augmente, le statu quo devient intenable : c'est la crise.

Il y a alors deux cas possibles.

Soit le point de colle cède et, même si cela doit être long et difficile, la situation pourra être rattrapée.

Soit le point de colle ne cède pas et c'est l'élastique qui casse. Alors la situation est irrécupérable car le lien est brisé.

Une crise serait donc un rattrapage, un retour vers le présent.


On voudrait parfois que le monde et le temps s'arrêtent pour nous permettre de les rattraper.

De Gilles Archambault / Le tendre matin


Thierry Cammarata

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