Nouvel an, projet, changement, Yin-yang

Le nouvel an chinois était le 10 février 2024 et a ouvert l'année du dragon de bois. La précédente remonte à 1964.

Bien que les chinois utilisent le même calendrier que nous pour des raisons pratiques, fêtes et cycle des saisons restent calés sur leur calendrier luni-solaire. Ce calendrier est complexe et il n'est pas question de l'explorer en ce sens aujourd'hui.


Je vous propose de nous concentrer sur le cycle des saisons car les deux calendriers diffèrent sur un point qui mérite notre attention.

Nos saisons classiques

Notre cycle des saisons nous est bien connu. Chaque saison commence au solstice ou à l'équinoxe : 

- le printemps à l'équinoxe (durées égales du jour et de nuit au autour du 21 mars), 

- l'été au solstice (durée maximale du jour autour du 21 juin), 

- l'automne de nouveau à l'équinoxe (durées égales du jour et de nuit autour du 21 septembre), 

- et enfin l'hiver au solstice (durée maximale de la nuit autour du 21 décembre).

Ainsi nos saisons hiver et printemps se partagent la remontée en puissance du  soleil alors qu'été et automne se répartissent sa chute.

Cela a fait dire à Cyrille JAVARY, sinologue, avec son sens inimitable de la pique juste, que l'été commence le 22 décembre et l'hiver le 22 juin !

Les saisons en Chine

Les puristes me pardonneront la simplification. Comme annoncé, je me concentre sur le point qui, à mon sens, peut inspirer le leader.

Les saisons, que je vais réduire à quatre, sont d'une durée similaire aux nôtres, mais en décalé. Elles enjambent solstices et équinoxes, ainsi :

- le printemps commence autour de début février et finit autour de début mai,

- l'été commence autour de début mai et finit autour de début août,

- l'automne commence autour de début août et finit autour de début novembre,

- et l'hiver commence autour de début novembre et finit autour de début février.

Printemps et été sont associés à la montée puis l'apogée du Yang alors que l'automne et l'hiver celles du Yin.

Ainsi, le moment remarquable de la position du soleil ne marque plus le changement de saison mais le cœur de chacune.

Dans les organisations

Dans la vie des organisations, des entreprises, certains métiers prennent en compte cette dimension et d'autres moins.

Pour illustrer simplement mon propos, je prendrais l'exemple d'un restaurant.

Lors d'un service, la tension monte doucement. Le coup de feu marque le maximum de l'activité puis elle va redescendre avant nettoyage et rangement. C'est la même équipe de cuisiniers et serveurs qui en est chargé.

Cet exemple a beaucoup des atours de l'évidence mais, outre qu'interroger les évidences fait partie de mon métier, dans nombre d'activités le point culminant de de l'action en marque étrangement la fin.

Le conseil au sens le plus large, toute forme d'achat de service d'accompagnement (audit, formation ou coaching) et la vente sont ceux auxquels je pense en premier.

Le sommet de la relation de vente est la vente proprement dite, au plus tard la livraison. Avant c'est le commercial qui gère, après le SAV, que plus personne n'ose appeler service client… Votre statut change radicalement. Vous passez de courtisé, objet de tous les égards à suspect sommé de prouver votre achat alors que la traçabilité de l'acte d'achat est la plus surveillée de l'histoire.

Le découpage des saisons à la mode chinoise pourra conduire le leader à unifier sa vision et considérer la continuité de la relation entre le prospect, l'acte d'achat et la vie du produit avec le client. Ainsi, dans un même mouvement, la relation client enjambe le moment de l'achat.

Il en sera de même pour les professionnels du conseil, de la formation ou autre accompagnement comme le coaching, qui parfois font ressentir une frustration au moment de (ne pas) accompagner les personnes dans le déploiement de ce qui a été défini; proposé, préconisé ou enseigné.

Yin-yang ou pourquoi les projets de changement échouent

Le yin précède toujours le yang. La solidité (yin) précède la force (yang) et lui sert d'appui. Ce sont les deux ensemble qui produisent la puissance par leur alternance. 

Quand on construit une mine, il faut alterner les actions de creuser et d'étayer. Si on ne fait que creuser, on va plus vite mais la mine s'effondrera. Si on ne fait qu'étayer, on n'avancera pas. C'est le rythme alterné de ces deux phases qui permettent une construction solide et durable.

Dans la gestion du changement, c'est la même chose. Un changement est accompli quand les personnes ont retrouvé la capacité de se développer dans le cadre des nouvelles modalités, devenues normales.

A la phase de formation proprement dite (yang), va succéder celle d'intériorisation, d'intégration de la nouvelle compétence (yin) avant de pleinement la développer.

Or, le plus souvent, le projet va se concentrer sur la partie Yang du schéma suivant :


Des moyens vont être déployés (séminaires, réunions, formations, communication, etc.). Le problème réside dans le manque d'accompagnement de la phase yin d'intégration.

Or, le changement commencerait plutôt par l'intégration et seulement après le développement, comme dans le schéma suivant :


Pris comme la capacité à se développer à nouveau dans le nouveau contexte, le changement (deuil) passe d'abord par une phase introspective, de réalisation pour soi et d'acceptation avant de pouvoir à nouveau engager une phase yang. Or cette phase yin, nous venons de le voir, est le plus souvent négligée.

Ainsi, nous devrions agir et accompagner en visualisant l'enchaînement des phases et donc en enjambant les séquences, nous arriverions alors à cette représentation d'un projet de changement :

Ou, plus simplement :


Ou, plus simplement encore :





Thierry Cammarata

ⵣ arbitrium14

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Mail : thierry@arbitrium14.fr

LinkedIn : Thierry Cammarata - arbitrium14

Image d'illustration par SpiderM de Pixabay

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