Le cycle des 4 saisons +1
Et si la plupart des cycles de nos vies, de nos activités, de nos métiers, pouvaient être associés aussi simplement à celui des saisons ?
Le psychologue américain HUDSON avait créé plusieurs outils utiles à différentes formes d'accompagnement et notamment le coaching. Un de ses outils est connu sous le nom de roue des saisons d'HUDSON. Il y décrit les différentes phases d'un changement.
Inspiré par ce cycle naturel des saisons et par les sagesses chinoises, je vous propose aujourd'hui une présentation forcément succincte d'un outil qui est à la fois un développement et une généralisation.
La première différence est l'ajout d'une 5e saison intercalaire. On peut la figurer comme un passage entre chacune des 4 saisons qui nous sont habituelles.
On peut aussi la figurer comme un centre autour duquel les autres tourneraient. Dans le modèle que je promeus, elle peut être résumée à la question de la confiance qui permet d'accomplir l'ensemble du cycle.
La confiance permet le passage entre chacune des 4 étapes, qui sont alors :
- Printemps : l'émergence, la naissance,
- Eté : le développement, la pleine puissance,
- Automne : l'accomplissement, la récolte,
- L'hiver : le dés-apprentissage, la régénération.
Le Printemps et l'Été représentent la montée vers l'extérieur, l'affirmation. l'Automne et l'Hiver la descente vers l'intérieur, le questionnement.
La période "hiver", en occident, est la seule pour laquelle nous n'ayons pas véritablement de narratif héroïque, ni même positif. Car autant nous célébrons celles ou ceux qui ont une idée (de génie), les entrepreneurs persévérants ou la réussite éclatante, autant cette période d'exploration intérieure, de ressourcement, de pause à durée souvent indéterminée, sera tour à tour une traversée du désert, un épisode dépressif, un manque d'énergie qui l'on aura vite fait de médicaliser. C'est peut-être une erreur.
En effet, les sagesses chinoises nous enseignent que ce cycle n'est pas animé d'une seule énergie qui va ou vient mais de deux qui alternent (yin-yang).
Les 4 Cycles
Mon hypothèse de départ est donc que tous les modèles usuels cycliques utilisés en coaching ou en management ne sont finalement que différents points d'entrée sur ce cycle fondamental.
Ainsi, tous les cycles liés au changement commenceraient en Automne (rupture du lien entre développement et accomplissement), puis une phase d'introspection, d'exploration (hiver) qui finit avec l'acceptation et le retour d'une énergie tournée vers le nouveau et les autres (printemps) avant de retrouver sa capacité à (se) développer (été).
Tous les cycles liés à l'autonomie commenceraient par une phase dépendance, d'apprentissage-désapprentissage (hiver) avant une phase d'individuation (printemps) puis d'indépendance (été) avant de s'autonomiser, accepter la responsabilité, les fruits de ses propres actions (automne).
Tous les cycles de projet commenceraient par une phase d'émergence, d'idées (printemps) puis de développement (été), d'aboutissement (automne) et d'apprentissages sur la réussite ou l'échec (hiver).
Enfin, tous les cycles d'amélioration commenceraient par le développement (été) et la mise en place d'une solution (automne). En revanche, je n'ai pas trouvé "sur étagère" de cycle complet prenant en compte l'apprentissage et l'intégration des solutions trouvées dans un schéma plus large.
4 exemples :
Pour le cycle de l'autonomie, l'apprentissage :
- inconsciemment incompétent (hiver),
- consciemment incompétent (printemps),
- consciemment compétent (été),
- inconsciemment compétent (automne).
Pour le cycle du changement, la courbe de SATIR :
- choc, résistance initiale (automne),
- chaos (hiver),
- nouvelles idées (printemps),
- Intégration, nouvel équilibre (été).
Pour le cycle de projet, la vie de l'entreprise :
- Création, lancement (printemps),
- Développement, stabilisation (été),
- Déclin, Phase critique (automne),
- Transmission / Réorganisation et gestion nouvelle (hiver).
Pour le cycle d'amélioration, le dilemme d'Uranus ? :
Au XIXe siècle, le comportement d'Uranus intrigue les scientifiques car, si la trajectoire générale est proche de ce que la mécanique newtonienne permet de calculer, des écarts non négligeables apparaissent.
Le dilemme porte donc sur des données qui ne sont pas conforment au modèle. Il y a alors deux attitudes raisonnables possibles :
- le modèle est faux ou incomplet au regard de nouvelles données.
- Les nouvelles données sont fausses ou incomplètes au regard du modèle.
Dans le cas précis, mis à part quelques présentations du modèle Kaizen d'amélioration continue, je ne trouve pas de modèle de cycle reprenant le parcours complet été - automne - hiver - printemps.
Je trouve en revanche une foultitude de modèles été-automne de développement et de mise en place de solution, tous d'application industrielle, mais rien qui n'intègre les phases de dés-apprentissage et d'émergence (hiver-printemps).
Pour Uranus, le modèle s'est avéré juste et les calculs ont fini par conjecturer l'existence d'une planète qui a été observée là où les calculs la prédisaient. Cette planète sera appelée Neptune.
De la même manière, je conjecture l'existence d'un cycle d'améliorations, non spécifiquement industrielles, qui permettraient de développer la capacité à trouver des solutions et non seulement à les trouver. Ce sera peut-être cette attention permanente, cette observation sans cesse renouvelée des processus de façon à les voir régulièrement d'un œil neuf.
Alors, pourquoi ce cycle n'exite-t-il pas ? Plusieurs réponses possibles :
1/ Il existe mais je ne l'ai pas trouvé.
2/ Il n'existe pas car le modèle est faux ou incomplet.
3/ Il a été créé mais il a disparu car inutile.
4/ Il existe mais les données sont incomplètes. Par exemple, la fin du cycle est prise en charge par d'autres acteurs (bureaux R&D ou d'études, laboratoires, universités, autres... ?).
5/ Vous êtes en train d'assister à une naissance.
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Mercure, planète connue depuis bien longtemps, défiait la mécanique newtonienne et il a fallu attendre Einstein, et sa théorie de la relativité générale, pour mieux comprendre son mouvement.
Un modèle incomplet peut prédire ce qu'on ne voit pas. Ce que l'on voit régulièrement peut fonder un modèle nouveau. Le modèle du cycle des 5 saisons a pour ambition de révéler ce qui est déjà là.
Four Seasons fill the measure of the year;
There are four seasons in the mind of man.
John Keats
Thierry Cammarata
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