Gestion de crise (4) : Au fond, un.e chef.fe, c'est quoi ?

En ce jour de 14 juillet mettant à l'honneur nos forces armées, je vous propose de revenir à la source de ce qui fait un.e chef.fe et attention, il y a des surprises !

Pour les besoins de cette présentation, je vais séparer les qualités attendues quand aux fonctions d'un.e chef.fe et celles liées aux conditions dans lesquelles ses fonctions sont exercées.

En situation de crise, il est souvent trop tard pour mettre ces qualités en place, surtout lorsque le virage à prendre est serré.

En revanche, mises en place "par temps calme", elles se révéleront des alliées précieuses.


Les éléments qui suivent sont tirés du livre "De la stratégie militaire à la stratégie d'entreprise" par le général Gil Fievet.

Ce livre rare, de 1992, montre, loin de toute caricature, toute la richesse de la réflexion militaire sur ce sujet et ce qu'elle peut apporter au management d'entreprise au moment où ce dernier se questionne.

Extraits de ce livre donc, ce qui fait un.e chef.fe, loin de la tyrannie ou du chaos.


Les qualités professionnelles liées aux fonctions d'un.e chef.fe sont les suivantes :

- Maîtriser du temps
- Décider
- Contrôler

La maîtrise du temps est essentielle. L'un de ses rôles est de rythmer l'action de son équipe. Il doit à la fois penser à maintenant et être dans l'anticipation puis dans la projection. Sur la durée, il doit être dans le présent et le futur immédiat, dans le moyen et, éventuellement, dans le long terme.

Penser à son activité à 5 ou 10 ans peut sembler curieux notamment si on ne se projette pas personnellement à un tel horizon, mais cela permet de faire rapidement la différence entre un manager lambda et un bon.

Pour ce qui est de la décision, j'ai déjà longuement traité de ce sujet. 

Retenons simplement ici que la capacité à prendre des décisions reste l'apanage du chef. La décision est une hypothèse jetée sur le réel dans le cadre d'un cycle (boucle de Boyd) développé dans ce blog. Elles sont le fondement de la responsabilité.

Cette décision ne vaut que pour ce qu'elle fait l'objet d'un contrôle, d'un suivi. Nous connaissons bien trop de cas dans lesquels la prise de décision marque, en définitive, la fin du processus et que personne ne s'occupe véritablement du point d'arrivé. Trop nombreux sont celles ou ceux qui s'imaginent que l'indécision est une preuve de sa capacité d'écoute ou de bienveillance alors qu'il n'en est rien.

Le contrôle marque donc l'intérêt du chef pour la réalité de ce qui se passe suite à ses décisions et sa capacité à se remettre en cause et ajuster.

Ainsi donc, quel que soit votre domaine d'intervention, voici les fonctions qui font de vous -quoi ?- un.e chef.fe.

Après le "quoi", voyons le "comment".

Après les fonctions, abordons les conditions d'exécution, à savoir :

- Communication
- Décentralisation
- Participation

La première condition de la bonne exécution de ses décisions et la qualité de sa communication, et principalement sa clarté. Et votre communication ne pourra être claire que si votre lecture de la situation est claire pour vous et pour l'équipe.

J'attire notamment votre attention sur le fait qu'il revient au chef de nommer les choses, les situations.

La deuxième condition d'exécution est la décentralisation ; chaque membre de l'équipe gère ce qui relève de son niveau, de son périmètre de responsabilité.

Cette approche permet à la fois de responsabiliser tous les intervenants, de garder le sens de la hiérarchie (dans son rôle normatif et protecteur) et enfin, en cas de tension, de raisonner en terme d'organisation et non seulement en terme de personne.

La troisième condition est la participation. L'équipe est le principal pourvoyeur d'information venant du terrain pour son chef. L'instauration d'un climat favorable et la prise en compte, par le.a chef.fe, des remontées par les collaborateurs permet, en lien avec les deux autres conditions évoquées, de donner toute sa cohérence à son action. Ecoute et bienveillance prennent toute leur place ici.

L'ensemble de ses qualités est naturellement difficile à acquérir et à cultiver. C'est un travail sans fin.

Enfin, le chef est le garant de la sécurité de ses équipes.


Voici donc présenté en détail ce que Jacques CHIRAC a su résumer en une phrase :


« Un chef, c’est fait pour cheffer. »

Jacques CHIRAC, Le Figaro Magazine, 20 juin 1992


Thierry Cammarata

arbitrium14
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Image par Gerd Altmann de Pixabay 

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