Confinement (2): interroger la place du corps et des émotions

Cette période de confinement inédite nous conduit à repenser la place de notre corps, de nos émotions. Et pour beaucoup d'entre nous, c'est une découverte.

Isolement, promiscuité, intimité, symptômes. Tous ces mots nous invitent à considérer notre corps, notre ressenti, à les écouter, comme faisant partie intégrante du trio : tête, cœur, corps.

Or, que cela nous plaise ou non, notre corps a une place centrale dans nos vies, bien plus que de simplement trimbaler notre cerveau, et nos émotions ont bien mieux à faire que d'être, elles aussi, confinées.

Il y a quelques mois, je découvrais une femme qui devait être merveilleuse à cotoyer : Angeles Arrien. Je tiens à remercier mon ami Serge Durand qui me l'a faite connaître.

Je vous propose de creuser ensemble un de ses enseignements, tiré des sagesses anciennes.


Le système tête-cœur-corps est très intégré. Bien plus que ce que beaucoup pense et ce que j'ai moi-même pensé pendant de très nombreuses années.

Tête-cœur-corps

Pour s'en convaincre, je vous propose un exemple.

Imaginez une personne qui doit passer un examen, que cette personne soit en route vers le lieu d'examen, avec ses doutes. Quel sera le sujet ? Ai-je suffisamment travaillé ?

Imaginez trois situations pour cette personne :

- Une première situation dans laquelle elle est en forme, elle est reposée, a bien dormi et mangé. Elle ne ressent pas de stress particulier, juste une tension qui la rend concentrée sur son objectif. Elle est prête à affronter l'examen. Mais elle n'a rien révisé du tout et ignore tout de l'épreuve qui l'attend. Selon vous, comment cela va-t-il se passer ? Le talent suffira-t-il ?

- Une deuxième situation dans laquelle elle est toujours aussi en forme, elle est reposée, a bien dormi et mangé. Elle a travaillé et maîtrise autant la matière que l'épreuve. De ces points de vue, elle est prête à affronter l'examen. Mais elle est complètement stressée, bloquée. Elle a une telle peur d'être jugée négativement que sa seule envie est de fuir, d'abandonner. Selon vous, comment cela va-t-il se passer ? Ce mettre en mode "warrior" suffira-t-il ?

- Une dernière situation, vous l'avez compris, dans laquelle elle a travaillé et maîtrise autant la matière que l'épreuve. Elle ne ressent pas de stress particulier, juste une tension qui la rend concentrée sur son objectif. Elle est prête à affronter l'examen. Mais elle ne dort plus depuis des jours à cause du travail et des "vitamines" qu'elle prend. Elle ne mange d'ailleurs presque plus que ça. Elle tient tout juste debout. Selon vous, comment cela va-t-il se passer ? La volonté suffira-t-elle ?

Sur un examen de quelques heures, cela pourrait passer. Mais si cela devait durer des semaines, des mois, des années...

Quatre questions


Dans notre société, de ces trois situations caricaturales, la moins acceptable est la première. Rater un examen parce qu'on a pas travaillé est jugé normal. Mieux, réussir dans ces conditions sera souvent vu comme une forme d'escroquerie. Alors que les deux autres seront jugées comme étant "le prix à payer pour réussir" ou "quand on veut, on peut".

En pratique, et c'est d'autant plus vrai que la période de temps considérée sera longue, je vous invite à considérer tête, cœur et corps comme des batteries et que votre niveau d'énergie correspond à celle la moins bien chargée.

Cette période de confinement forcé est l'occasion de (re)mettre ce système en ordre pour télétravail amélioré et un retour fracassant !

Face à une personne qui n'allait pas bien, Angeles Arrien avait pour habitude de poser quatre questions et je vous propose d'essayer d'y répondre. C'est facile, vous connaissez des réponses. Vous savez déjà tout.

Les quatre questions sont les suivantes (en anglais puis ma libre traduction) :

  • When in your life did you stop singing/bringing your voice?
Quand, dans votre vie, avez-vous arrêté de chanter/déclamer (porter votre voix) ? 
  • When in your life did you stop dancing/moving?
Quand, dans votre vie, avez-vous arrêté de danser/bouger ?
  • When in your life did you stop being enchanted by stories/your own life story?
Quand, dans votre vie, avez-vous arrêté d'être enchanté par des histoires/par votre propre histoire de vie ?
  • When in your life did you stop being conforted by the sweet territory of silence?

Quand, dans votre vie, avez-vous arrêté de vous sentir réconforté par la douceur du silence ? 

Si, pour une ou plusieurs de ces questions (toutes ?), votre réponse dépasse quelques jours ou semaines, vous savez quoi faire.

Ce n'est pas un hasard si les Italiens ont chanté à leurs balcons, si les Français y applaudissent, si nous lisons, regardons des films, des séries, si parfois nous dansons au rythme de la musique dans un supermarché.

En tout cas, rien qui ne puisse se faire chez soi.

Pour moi, le plus difficile est de sentir le réconfort du silence.

Et vous ?



"Communiquer suppose aussi des silences, non pour se taire,
mais pour laisser un espace à la rencontre des mots."

Jacques Salomé

Thierry Cammarata

arbitrium14
Tel : +33(0)768871589

Mail : thierry@arbitrium14.fr

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