Boucle OODA (5/5) : Synthèse


Cette synthèse aurait pu être une bonne introduction. Et je comprends mieux aujourd'hui le conseil qui m'a été donné en fac de droit : Rédigez votre introduction après avoir rédigé le corps de votre dissertation.

Les précédents articles (voir liens en bas), dont la lecture est nécessaire pour bien comprendre celui-ci, permettent d'aborder aujourd'hui l'essentiel de l'usage de la boucle de Boyd, OODA.  

Cette synthèse sera en deux parties. Une première consacrée à la boucle de Boyd dans la pensée stratégique, ou comment prendre le dessus sur un adversaire, et la seconde sur son application en entreprise, et plus particulièrement en management.


Gagner avec Boyd

La boucle OODA permet donc de prendre l'avantage sur un adversaire.

Elle s'applique aussi bien pour des séquences de temps très courtes (self-défense) ou beaucoup plus longues (stratégies d'entreprises, de pays). Les durées, le nombre de personnes concernées peuvent varier considérablement, mais les principes restent inchangés.

Cette boucle de décision est utilisée aussi bien par vous-même que par votre adversaire, mais lui ne le sait pas. et cela change tout !

Pour prendre l'avantage, il y a deux méthodes qui peuvent être cumulées :

- Accomplir la boucle plus vite que l'adversaire.
- Perturber l'autre dans l'accomplissement de sa propre boucle.

Accomplir la boucle OODA plus vite

Pour accomplir la boucle plus vite, il faut avoir conscience de chaque étape et les améliorer, peu à peu, tout en veillant à la fluidité de leur enchaînement.

Aller plus vite que l'autre présente l'avantage de faire plus d'hypothèses sur le réel dans le même laps de temps, donc plus d'actions, plus de retour d'expérience, plus de droit à l'erreur, plus d'observations et plus de réflexions. Vous serez donc en mesure de faire plus d'ajustements, être plus précis et efficace.

Imaginez par exemple que vous êtes producteur de vêtements et que votre principal concurrent est en mesure d'aller plus vite que vous entre l'observation des ventes d'une collection ou des tendances de la mode et la mise en vente de la nouvelle. S'il lui faut un mois pour le faire alors que vous en mettez trois, il aura sorti et évalué deux collections quand vous ne sortez que votre première, en même temps que sa troisième.

La conséquence immédiate est que votre collection de vêtement sort au regard d'observations qui ne sont plus d'actualité. Si l'évolution est faible, les effets sont gérables. Si l'évolution est forte, vous êtes dépassé. 

En toute hypothèse, vous subissez le mouvement. Vous n'agissez plus qu'en réaction aux décisions prises par d'autres.

Selon votre secteur d'activité, ces durées peuvent être en secondes (voire moins), heures, jours, mois ou années.

En décidant plus vite, vous avez aussi la latitude de faire des essais, commettre des erreurs et corriger. En management moderne, cela s'appelle la méthode agile.

L'autre moyen de prendre l'avantage est de perturber la boucle OODA de l'adversaire.

Perturber la boucle OODA de l'adversaire

Chacune des phases de la boucle de Boyd peut être perturbée. Voici quelques façons de procéder. On peut en trouver d'autres, l'imagination est au pouvoir en ces matières.

Observer : On peut être privé d'informations ou au contraire submergé ou encore alimenté en informations trompeuses.

Orienter : Notre façon de penser peut être connue et utilisée contre nous. On peut aussi nous empêcher de penser, ou créer une défiance telle que nous ne savons plus que croire. on peut aussi nous mettre en porte-à-faux sur nos valeurs.

Décider : L'organe de décision peut être détruit, paralysé ou coupé du reste. Un cas classique, déjà évoqué, est la boucle dite O-O ; l'organe de décision refuse de décider et demande des informations rafraîchies ou complémentaires, de nouvelles analyses, et ne décide jamais.

Agir : Les moyens d'actions peuvent, là aussi, être détruits, empêchés, désorganisés, désemparés, etc.

Enfin, l'absence de culture du feedback peut être telle que l'idée même d'observer ou d'évaluer l'action est inexistante.

Tout ceci donc, corrélativement, implique de protéger sa propre boucle de décision. Chacun des quatre premiers articles de cette série peut vous y aider.

En entreprise

En utilisant la boucle de Boyd comme grille d'analyse de l'action d'un bon dirigeant ou manager en entreprise, je dirais que cela va dépendre de son ambition dans son usage.

Un dirigeant ou un manager vulgaire l'utilisera contre chacune des personnes qu'il rencontre (clients, salariés…) et il en tirera certainement des avantages. Il s'amusera à utiliser les informations privilégiées auxquelles il a accès pour prendre l'ascendant sur les autres, même son équipe, pour assurer sa survie à ses dépens s'il le faut. Le jeu de pouvoir est généralisé (je vous en ai déjà parlé). 

Un dirigeant ou un manager ambitieux sera aviser de faire fonctionner sa boucle avec son équipe. De cette façon, il démultiplie les informations dont il dispose, il bénéficie d'une analyse plus riche et, même s'il maîtrise la prise de décision à son niveau, il n'a pas de mal à déléguer notamment dans l'action qui, au final, appartient à son équipe.

Avec lequel aimeriez-vous travailler ?

La boucle de Boyd (OODA), par son aspect fondamental et empirique, offre un cycle décisionnel itératif étanche aux modes et qui permet d'analyser aussi bien les réussites que les échecs pour en tirer les enseignements utiles. 

La raison veut décider ce qui est juste ;
la colère veut qu'on trouve juste ce qu'elle a décidé.
Sénèque

Liens :

Thierry Cammarata

arbitrium14
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